Résumé de la semaine
Voici 15 jours que Clémence est recluse dans une chambre d’hôpital où nous nous sommes installés dans la routine. Le temps s’est ralenti et la vie est devenue mécanique.
Une fois par jour, en fin de matinée lorsque les infirmières font leur relève, on vérifie le taux d’urine de Clémence pour voir où en est son hyponatrémie. Les petits prélèvements sanguins se sont espacés. Depuis quatre jours, elle est dispensée de perfusion. Les ajouts lui sont administrés par voie orale, dans le but de vérifier si son organisme est capable de se rééquilibrer ainsi, pour pouvoir envisager une sortie rapide.
D’examens médicaux en petites
réunions informelles (quelques fois, deux fois par jour) avec
Clémence serait atteinte (sans que cela soit confirmé) d’une cytopathie mitochondriale : une cytopathie est une maladie de
la cellule (Cytos-Pathos) ; les mitochondries sont des structures
intracellulaires responsables de la production énergétique de ces dernières.
Elles comportent leur propre ADN. Elles sont toujours issues de la mère, le
gamète mâle n'apportant en principe que de l'ADN nucléaire. Il existe une très
grande variabilité des manifestations cliniques de cette maladie cellulaire. Ce
qui ne permet pas de poser un diagnostic rapide. Les cytopathies
mitochondriales regroupent une grande variété de pathologies dont le
dénominateur commun est un déficit de la chaîne respiratoire mitochondriale. La
chaîne respiratoire a pour rôle essentiel la synthèse d'ATP (adénosine triphosphate) nécessaire
à toutes les cellules de l'organisme. Cette synthèse se fait à partir de cinq
complexes multi-enzymatiques localisés dans la membrane interne de la
mitochondrie.
Chaque cellule humaine possède
plusieurs dizaines à plusieurs centaines de mitochondries, et chaque
mitochondrie plusieurs copies d'ADN mitochondrial. Le caractère ubiquitaire de
la phosphorylation oxydative explique qu'un déficit de la chaîne respiratoire
peut théoriquement donner lieu à n'importe quel symptôme dans n'importe quel
tissu ou organe.
Les pathologies mitochondriales
forment un groupe hétérogène de désordres métaboliques caractérisé par des
anomalies des oxydations phosphorylantes. Des mutations précises associées à
des syndromes particuliers ont été déterminées durant les quinze dernières
années sur l'ADNmt est plus récemment sur l'ADN nucléaire.
Côté clinique, sa prise de poids est lente : 3 350 gr. C’est en partie explicable par son gavage de SRO (Solution de Réhydratation Oral) qu’elle doit engloutir à hauteur d’environ 150 ml par jour. Ensuite vient le sodium mélangé à 10 ml de lait. Ensuite deux seringues contenant de la spéciafoldine et du fer pour l’aider à reconstituer son hémoglobine qui a été très sollicité par les nombreuses prises de sang qu’elle a subit.
Lorsque arrive la tété et le
complément de lait, Clémence est épuisée et s’endort à la tâche. (elle dort
beaucoup) : elle n’arrive pas à prendre une quantité de lait conséquente dans
la journée. Il s’ensuit des tentions avec le personnel infirmier pour faire
entendre notre point de vue.
A savoir qu’il est important de
privilégier les prises de lait qui sont fondamentales pour sa reprise de poids
et qui privilégient sa relation avec moi. Je demande, avec difficulté, à que
ses moments soient les plus longs possible afin qu’elle se consolide également
sur le plan psychoaffectif.
Quelque fois, ce n’est pas
évidement, lorsque vous avez à faire à une jeune infirmière habituée aux
malades adultes, qui privilégient le traitement à l’écoute.
Chaque matin, en arrivant, on lit
facilement sur le visage de Clémence l’état dans lequel elle se trouve. On décèle la plus petite perte de poids, la
moindre anémie.
Elle a toujours une température
élevée bien qu’on ne puisse à proprement parler de fièvre (37,8°) : Cela
serait dû, entre autre chose, aux conditions de surchauffe de la chambre.
On parle encore d’une semaine
d’hospitalisation. Le 17 avril, elle subira une IRM (imagerie par résonance
magnétique) du cerveau, pour connaître son
état neurologique.