Situation d'urgence
Clémence a été hospitalisée dans la nuit de samedi à dimanche en réanimation pédiatrique à l'hôpital du Kremlin Bicêtre.
Vendredi dernier, nous avions emmené Clémence chez notre pédiatre pour la
troisième fois pour une visite de contrôle suite au staphylocoque doré
qu'elle avait contractée quelques jours plutôt. Depuis deux jours ses paupières
supérieures étaient anormalement gonflées, ses yeux n’étaient plus perceptibles.
En apparence, le traitement s’était montré plutôt efficace. L’état des yeux de
clémence n’inquiéta pas la pédiatre qui ne trouva aucune causalité avec le
staphylocoque. Elle nous prescrivit un collyre à base d’antibiotiques. Par
ailleurs, Clémence avait pris 400 gr en 6 jours, ce quoi, la praticienne se
félicita, expliquant qu’elle récupérait là, un retard pondéral qu’elle avait
pris à cause du virus. Tout allait donc bien dans le meilleur des mondes. Nous étions
de plus en plus sceptiques sur les conclusions de cette praticienne. C’est nous
qui avions décidé de l’emmener faire une analyse en laboratoire au tout début
de cette affaire. Une analyse qu’elle nous avait prescrite dans la foulée de
son ordonnance, mais qu’elle avait
oublié elle-même de réclamer au laboratoire, puisque d’emblée, son attitude
avait été de minorer la gravité des symptômes de Clémence. Le laboratoire avait
quand même pris soin de lui faxer les résultats à son cabinet au lieu de les
lui faire parvenir par courrier : ce qui était quand même une forme de
signe.
Dès le lendemain samedi, je découvre des petits boutons rouges sur ses jambes en lui donnant son bain, .... je trouve également (depuis 2 ou 3 jours) qu'elle a l'abdomen très tendu. Pire, j'ai beaucoup de mal à reconnaître son visage : il est rond et boursouflé à certains endroits. Peut-être est-ce du à sa prise de poids importante de ces derniers jours ? La veille, la pédiatre n’avait pratiqué aucune palpation et s’était contentée d’une auscultation assez expéditive.
Jean-pierre et moi sommes inquiets. L'après-midi du samedi, il décide de quitter une conférence organisée par le site Agoravox (rencontre journalistique sur le 5ème pouvoir). Dès son arrivée, nous emmenons Clémence aux urgences pédiatriques de l'hôpital Antoine Béclère de Clamart. Mon mari n'y restera pas mais retournera à la maison avec Juliette et Marie Lou pour s'occuper d'elles.
Je m’installe dans la salle d’attente à 17h30. Un pédiatre l'examine une demie heure plus tard et demande à ce que soient faites des analyses de sang et d'urines. Les résultats des analyses de sang parviennent 30 minutes après et décrivent un taux extrêmement bas de sodium (23 au lieu de 113). Il décide de la garder en observation et la place sous surveillance respiratoire et cardiaque. Son rythme cardiaque est de 80 pulsations par minute. Sa température corporelle est extrêmement basse : 35° C. La prise de sang révèle également que son métabolisme est totalement chamboulé : manque de sodium, de potassium, de calcium ... le nombre de leucocytes est bas, etc…
A une heure du matin environ, les pédiatres sur place décident de son transfert vers un hôpital pourvu d’une unité de réanimation pédiatrique.
Le choix se porte sur l’hôpital du Kremlin Bicêtre, par vacance de place : on nous transporte dans une ambulance du SMUR vers l’unité d’urgence pédiatrique.
Dès notre arrivée, Clémence est prise en charge et réexaminée par pédiatres et médecin réanimateur. Le médecin de la réanimation, ne juge pas utile de la prendre en charge dans son service car elle reste tonique et répond aux stimulations.
Clémence et moi passons la nuit dans l'unité "Lits Porte" (qui est une unité d'hospitalisation de courte durée). Elle sera surveillée en permanence par 3 infirmières qui lui prélèveront toute les 3 heures du sang afin de réajuster sa formulation sanguine défaillante. Sa température est toujours basse. Les rythmes cardiaques font du yo-yo et passent de 80 pulsations/minute à 217 pulsations/minutes !!
A 6 heures du matin, on m’installe un matelas à même le sol, sur lequel je m’allonge, histoire de me reposer un peu.
Je suis exténuée, mais le stress est plus fort que le sommeil. Je somnole mais
ne dors pas. Comment pourrait-il en être autrement ? Je pense à Clémence.
Je suis morte d’inquiétude. Puis il y a en permanence ces lumières crues, le va
et vient des infirmières, le vacarme des moniteurs, les commentaires flippant du
pédiatre à la lecture des nouvelles analyses sanguines qui lui parviennent.
Les minutes passent pour moi aussi lentement que des heures.
Le pédiatre réapparaît et m'explique qu'ils ont trouvé un taux anormalement élevé de sucre dans ses urines et dans son sang. Son rythme cardiaque s'est encore ralentit, il ne bat plus qu'à 70 pulsations/minute. Son pouls est faible.
Clémence est blanche, livide : son état s’est encore détérioré durant les dernières heures.
A 9 heures, on l’installe en unité de réanimation. Je rencontre à nouveau le médecin du service : il me parle de dérèglement hormonal, d’insuffisance rénal, je suis exténuée, mes oreilles bourdonnent. Son sang contiendrait trop d'eau, ce qui expliquerait en parti les taux ioniques bas et son aspect physique boursouflé. Tout ceci n’est plus forcément lié à la présence du staphylocoque doré découvert une semaine plutôt. Il va falloir attendre pour en savoir davantage.
Dimanche après midi, Jean-Pierre et moi avons revu Clémence. Elle va mieux. Son corps est à température normale et ses battements cardiaques sont remontés à 140 pulsations/minute. Son visage est moins gonflé. Elle ouvre les yeux et nous regarde mais ses yeux se révulsent en arrière : son état d'épuisement profond lui donne des petites pertes de connaissance. D'après le médecin, le dérèglement de son métabolisme s’était installé depuis plusieurs jours, voir quelques semaines. Clémence a beaucoup lutté contre celui-ci. Jusqu’à ce qu’elle n’en puisse plus. Heureusement, sa prise en charge s’est faite à temps...
Aux dernières nouvelles, les médecins ont réussi à rééquilibrer son métabolisme. Les derniers résultats du labo sont meilleurs. Clémence est plus réactive : hier soir, elle a poursuivi du regard le médecin réanimateur. Cette nuit, l'infirmière a du la soulager en lui administrant du dafalgan.